Contexte et mesures d’urgence
Dans le canton de Berne, Pfiffner AG, spécialiste de machines-outils destinées notamment à l’industrie automobile, a interrompu sa production après six décennies d’activité. Sur un effectif légèrement supérieur à cent collaborateurs, environ 80 postes sont menacés d’ici fin janvier.
«Nous avons dû actionner le frein d’urgence», déclare Andreas Ewald à la Berner Zeitung. Le dirigeant précise que l’entreprise avait envisagé des perspectives sur le marché américain et que l’absence de commandes l’a contraint à agir. «Nous avions dépensé 300 000 francs en préparatifs et renforcé les grues», précise-t-il.
Le facteur déclencheur principal demeure les droits de douane américains de 39 % décidés par l’administration Trump, qui ont rendu les livraisons vers les États-Unis impossibles pour le moment.
Origine des difficultés et conséquences industrielles
Pfiffner, qui conçoit des machines pour produire des pièces de haute précision, a été fondée autrefois sous le nom de Maschinenfabrik Hug et est aujourd’hui intégrée à un groupe taïwanais. L’entreprise dépendait notamment de commandes destinées au marché américain. Trois machines prévues pour un client américain auraient dû soutenir l’activité pendant quelques mois, mais les conditions douanières ont perturbé le calendrier.
Les 100 tonnes d’acier prévues pour la production ont été renvoyées et la ligne de fabrication s’est arrêtée.
Outre les tarifs, des facteurs structurels fragilisent l’entreprise: la crise du secteur automobile et la transition vers les moteurs électriques ont ralenti les investissements. «Nous étions techniquement adaptables et avions franchi le virage», remarque le dirigeant. Toutefois la demande s’est élargie à des acheteurs hésitants, les clients craignant l’avenir du moteur thermique et le coût des machines, qui varient entre 1 et 4 millions de francs.
Orientation future et plan de sauvegarde
Pfiffner entend se recentrer sur la recherche et le développement et abandonner la fabrication à grande échelle. Cette réorientation passe par l’arrêt progressif de l’activité de production.
Impact local et réactions des habitants
Sur le site d’Utzenstorf, l’annonce a été ressentie comme une échéance lourde, les halls restant silencieux et les salariés oscillant entre résignation et inquiétude. Un ouvrier rappelle que l’entreprise a toujours été correcte, que la paie était compétitive et que l’ambiance était bonne. Un autre insiste sur les facteurs externes: les taxes n’ont pas aidé, mais la transition vers les moteurs électriques a aussi pesé; nos machines servent essentiellement pour des moteurs classiques et ceux-ci se font rares.
Utzenstorf est une commune de 4500 habitants où l’usine occupe une place historique. Certains voisins espèrent qu’un nouvel opérateur s’y installera, d’autres craignent l’impact fiscal sur la commune lorsque des employés viennent de l’extérieur.
Mesures internes et avenir
Pendant plus d’un an, la direction a tenté de sauver le site: chômage partiel, réduction des salaires des cadres et discussions avec les syndicats. La période de consultation légale est en cours et, sauf miracle, les licenciements devraient intervenir à la fin du mois. «Ça me touche personnellement», confie Andreas Ewald à la Berner Zeitung.