Investissements massifs de la BNS dans les géants de la tech américain
Les grandes valeurs technologiques américaines pèsent près de 20 000 milliards de dollars en bourse, et l’appétit pour l’intelligence artificielle attire les investisseurs. La Banque nationale suisse (BNS) figure parmi eux, avec un encours total estimé à 167 milliards de dollars investis aux États‑Unis, dont environ un tiers dans six entreprises.
Plus précisément, la répartition comprend 11,8 milliards dans Nvidia, 10,6 milliards dans Microsoft, 9,3 milliards dans Apple, environ 6,3 milliards dans Amazon, 5,8 milliards dans Alphabet et 4,9 milliards dans Meta.
Réactions et analyses des spécialistes
Selon Arturo Bris, professeur de Finance et directeur du Centre de compétitivité mondiale à l’IMD, l’ampleur de ces placements surprend et donne l’impression que la BNS se comporte comme un fonds souverain. Il précise que ce n’est pas une démarche stratégique visant le contrôle des sociétés, mais que les montants restent lourds pour la Confédération.
Il évoque notamment qu’un investissement de 9,0 milliards dans Apple peut illustrer les risques potentiels, et rappelle que ces placements demeurent sensibles sur le plan financier.
Contexte macroéconomique et justification
Si l’intelligence artificielle offre une rentabilité certaine, elle demeure volatile. La BNS explique que ce choix peut être lié à la nécessité de contrer l’appréciation du franc: cette année, la monnaie helvétique a gagné près de 15 % face au dollar, ce qui pousse la banque centrale à suivre la tendance en détenant davantage de devises américaines.
Contactée, la porte-parole Nicole Rütti précise que les placements en actions restent neutres et passifs: la BNS ne sélectionne pas des titres; les actions détenues reflètent leur capitalisation boursière dans divers secteurs.
Aymeric Jung, consultant en finance durable et éthique, exprime toutefois des réserves: l’investissement dans ces entreprises spécialisées en IA soulève des questions sur les orientations souhaitées par la Suisse et leur empreinte environnementale, compte tenu de leur niveau d’émission.
Risque de correction et implications budgétaires
Au‑delà du débat sur une éventuelle bulle spéculative, l’expert met en garde contre le risque d’une simple chute des valeurs technologiques: une baisse de 10 % pourrait peser lourd et être équivalente au budget de l’armée suisse.