Contexte et premiers signes d’espoir
Des scènes de liesse à Tel Aviv et des milliers de Gazaouis en déplacement regagnent le nord de l’enclave, tandis que l’arrivée de Donald Trump au Proche-Orient est perçue comme un élément susceptible de faciliter un cessez-le-feu. Cette première étape, qui prévoit l’arrêt des frappes et la libération des derniers otages israéliens vivants, suscite d’importantes attentes dans la région.
La phase initiale vise l’arrêt des bombardements israéliens à Gaza et la libération des otages encore vivants; elle est présentée comme un pas en direction d’un accord durable, mais les observateurs restent prudents quant à sa portée réelle.
Prudence et lecture d’Alain Dieckhoff
Invité de l’émission Tout un monde sur RTS, le sociologue rappelle qu’un jalon a bel et bien été franchi, mais que l’évaluation de son impact demeure prématurée.
« L’épisode guerrier ouvert le 7 octobre 2023 devrait en principe se conclure, mais ce n’est qu’une première étape », affirme-t-il. « La suite sera sans doute plus positive, mais aussi très difficile à mettre en œuvre », ajoute-t-il.
Les défis à venir
Parmi les enjeux évoqués figurent le désarmement du Hamas et les modalités concrètes qui l’accompagnent. « Comment cela se fera-t-il ? Le Hamas acceptera-t-il ? Et comment faire respecter cet engagement ? », s’interroge le chercheur. À cela s’ajoute « le retrait progressif de l’armée israélienne de Gaza », qui, selon lui, ne pourra intervenir que si des garanties de sécurité solides sont mises en place pour éviter une réédition, même à moindre échelle, du 7 octobre 2023.
Rôle de Donald Trump et dynamique d’opinion
La suite dépend aussi du président américain qui, jusqu’ici, « a joué un rôle important dans la conclusion du cessez-le-feu ». Pour que le processus progresse, « il faut que Donald Trump et son administration continuent à peser », affirme Alain Dieckhoff.
« Ce qui caractérise malheureusement le président américain, c’est qu’il est souvent très enthousiaste au début, et puis, finalement, il se lasse. On le voit avec le conflit russo-ukrainien, où il n’a pas fait grand-chose depuis de longues semaines après avoir promis la paix. »
« Si le président Trump continue à s’engager et si les étapes à venir – en particulier la démilitarisation du Hamas – se concrétisent, une majorité de l’opinion publique suivra ce mouvement, parce qu’au fond, la plupart des gens veulent la paix », affirme Dieckhoff.
Quid de l’avenir de la bande de Gaza et de la Cisjordanie
Sur le long terme, tout dépendra de la relance d’un véritable processus diplomatique: il faudra rouvrir des négociations pour délimiter l’avenir de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, et évaluer si ces territoires peuvent devenir l’État de Palestine que plusieurs pays ont déjà reconnu. Cette perspective demeure encore une grande interrogation.
Résilience et reconstruction
Dieckhoff souligne la capacité de la population palestinienne à se relever. Après les bombardements et les privations, des centaines de milliers de personnes se dirigent déjà vers le nord de la bande de Gaza, où elles avaient été chassées.
« Des millions de tonnes de gravats devront être déblayées avant toute reconstruction », relève-t-il, appelant à un plan de reconstruction qui mobilise des financements et un engagement international fort, afin de recréer au moins un tissu économique minimal.
Une vision politique indispensable
Pour l’expert, cet effort ne peut porter ses fruits sans une vision politique claire. Reconstituer économie et société sans cadre politique stable risque, selon lui, de faire replonger dans la guerre à terme.
En conclusion, Dieckhoff souligne que l’on n’est pas sûr de passer directement à une étape suivante, vers une paix durable; il est possible que l’on demeure simplement dans une parenthèse avant un nouvel épisode guerrier.