Des médecins étrangers à Gaza : témoins, soignants et boucliers humains face à la crise
Des médecins venus de l’étranger jouent un rôle complexe dans Gaza, mêlant pratique médicale et témoignages internationaux. Après deux séjours d’un mois dans l’enclave, le Dr Mimi Syed, médecin urgentiste américaine, a partagé son expérience sur plusieurs plateaux télévisés.
En août, elle a été refoulée à la frontière sans explication précise, malgré une autorisation sécuritaire obtenue lors de visites antérieures. Son nom figurait en rouge, comme celui d’une autre médecin française déjà venue à Gaza. Elles avaient toutes deux rencontré des responsables de leurs pays et évoqué, sur la base de leurs observations, des critiques sur la politique israélienne.
En trois mois, le Dr Syed affirme avoir appris l’existence d’environ une centaine de confrères également refoulés, chiffre qui recoupe les estimations de lONU. Témoigner comporte des risques, mais de nombreux médecins étrangers choisissent malgré tout de le faire à leur retour.
Des blessures ciblées chez les adolescents et le témoignage d’un chirurgien
Le chirurgien britannique Nick Maynard décrit un motif récurrent dans les blessures chez les adolescents. Selon lui, des jeunes ont été atteints dans des zones sensibles, infligées par des soldats ou par des drones opérés à distance. Quatre adolescents ont récemment été touchés au niveau des testicules, et il remarque un schéma qui rappelle un jeu dans sa répétition. Il affirme que la situation pourrait évoluer et que demain d’autres zones pourraient être visées.
Un rôle qui va au-delà des soins
À Gaza, les médecins étrangers sont perçus comme des témoins indispensables et, pour certains, comme des boucliers indirects dans des zones sensibles. Le Dr Azra Zyada, médecin palestino-britannique et membre de l’observatoire Healthcare Workers Watch, rappelle que leur présence peut protéger indirectement les hôpitaux. Elle cite l’exemple de l’hôpital Nasser, dont les fenêtres ont été ciblées par des tirs de snipers; les personnels médicaux étrangers ont alors demandé l’intervention de leurs ambassades. Les Palestiniens n’ont pas accès à ce type de protection.
Un apport humanitaire et symbolique concret
Au-delà des soins, les médecins étrangers facilitent aussi l’aide matérielle. Grâce à eux, des humanitaires ont pu faire entrer sur place des ressources vitales, comme plus de mille montures de lunettes pour les enfants. L’effet sur les bénéficiaires est tangible : des sourires apparaissent lorsque les enfants voient le monde avec une clarté retrouvée, et certains expriment une joie spontanée.
Eyad Amawi, humanitaire, souligne que la présence de médecins internationaux revêt une importance particulière. Il précise qu’il ne s’agit pas seulement de renforts médicaux, mais aussi d’un symbole de solidarité pour la population. Il ajoute que cette présence demeure cruciale en pleine catastrophe humanitaire.
Le dilemme éthique : soigner en silence ou témoigner malgré les risques
Face à ces dilemmes, les médecins internationaux se demandent s’ils doivent continuer à témoigner publiquement ou s’ils préfèrent agir en silence pour éviter d’alourdir les risques liés à l’entrée sur le territoire. Le choix de parler, même après leur retour, peut entraîner des interdictions d’entrée et des restrictions futures.
Pour contextualiser, le sujet radio dédié était assuré par Amira Souilem et l’article en ligne par Hélène Krähenbühl.