Des viticulteurs en Béziers réclament des actions rapides face à la crise
Des milliers de viticulteurs se sont mobilisés samedi à Béziers pour attirer l’attention sur les difficultés du secteur et appeler les pouvoirs publics à agir rapidement. Le rassemblement met en relief la concurrence étrangère, la pression de la grande distribution et des normes jugées trop contraignantes, ainsi que les effets du réchauffement climatique.
Selon la préfecture, le cortège compte environ 4000 manifestants; les organisateurs avancent jusqu’à 7000 participants. Le défilé s’est déroulé dans un calme relatif, interrompu par quelques détonations de pétards. Des membres de la Coordination rurale ont brandi des fumigènes jaunes et noirs à l’effigie du mouvement; du côté de la FNSEA, le premier syndicat agricole, on se félicite d’une mobilisation jugée efficace.
Des messages fermes et des attentes envers l’État
Les porte-parole estiment que le secteur est sacrifié sur l’autel du libre-échange, dénonçant des normes jugées étouffantes, une pression fiscale croissante et une déconnexion entre les prix à l’export et les coûts de production. Ils signalent que d’autres acteurs exportent du vin à bas coût et que certaines bouteilles sont vendues au niveau d’un simple café, ce qui alimente leur demande de mesures rapides et d’une souveraineté alimentaire sans compromis.
En appelant à l’action, les organisateurs ont exhorté la ministre de l’Agriculture à intervenir sans délais, rappelant que le temps presse pour le secteur. Selon Jérôme Despey, vigneron et vice-président de la FNSEA, si rien ne bouge, tout le Midi viticole pourrait être touché. Le préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch, a annoncé qu’une délégation de viticulteurs serait reçue le 24 novembre par le Ministère de l’Agriculture, veille du salon Sitevi qui se tient à Montpellier du 25 au 27 novembre, où Annie Genevard est attendue. Des échanges avaient déjà eu lieu le 6 novembre.
Trois leviers évoqués pour sortir de la crise
Selon Jean-Marie Fabre, président des Vignerons indépendants, trois axes avaient été évoqués pour amorcer un redressement: un soutien de trésorerie sous forme de prêts de consolidation, un nouveau plan d’arrachage d’environ 35 000 hectares sur les 780 000 hectares de vigne française et un renforcement du soutien au plan destiné au commerce international.
Une situation qui concerne l’ensemble du vignoble
La situation se retrouve dans toutes les zones viticoles de France. La consommation de vin a reculé, et les risques climatiques gel, grêle et sécheresse se multiplient. Par ailleurs, les tensions commerciales, avec les droits de douane évoqués par Donald Trump et les taxes chinoises sur le cognac et l’armagnac, renforcent la pression sur le secteur.
Les acteurs estiment que jamais en quatre à cinq ans le secteur n’avait traversé autant de crises d’origines multiples et multifactorielle. Les trésoreries des exploitations sont apparues comme fortement fragilisées et les professionnels craignent des fermetures si des mesures ne suivent pas rapidement.
Un front commun et des revendications ciblées
Face à l’urgence, FNSEA, JA et Coordination rurale ont mis de côté leurs divergences pour porter ensemble une vingtaine de revendications. Parmi elles figurent la lutte contre les prix du vin jugés abusivement bas par les négociants et la grande distribution, la simplification des contraintes administratives, l’accès à l’eau et un assouplissement de la loi interdisant la publicité pour le vin.