Sahara occidental : l’ONU valide le plan d autonomie marocain et recompose les dynamiques régionales

Monde

Contexte et enjeux du Sahara occidental

Le Sahara occidental, vaste territoire situé le long de la côte ouest africaine et ancienne colonie espagnole jusqu en 1975, est revendiqué depuis cinq décennies par le Maroc et le Front Polisario, un mouvement indépendantiste soutenu par l Algérie. Riche en phosphate et doté d un potentiel touristique, son statut entretient des tensions persistantes entre Rabat et Alger depuis 1975.

Une validation du plan d autonomie par l ONU

Vendredi, le Conseil de sécurité de l ONU a apporté son soutien au plan marocain d autonomie du Sahara occidental, décrivant cette option comme la solution la plus réaliste pour le territoire. Parrainée par les États-Unis, la résolution précise qu une autonomie véritable sous souveraineté marocaine pourrait être une solution des plus réalistes.

Réactions et cadre juridique

Cette décision a provoqué des scènes de liesse au Maroc, le pays considérant que l ONU reconnaît pour la première fois la souveraineté marocaine sur la région. Jusqu alors, les Nations unies avaient mis en avant le droit à l autodétermination du peuple sahraoui.

Sans triomphalisme, le roi Mohammed VI a adopté une position mesurée, appelant à l’apaisement et à l ouverture envers les Sahraouis et l Algérie, tout en évoquant ce qu il a décrit comme une victoire éclatante.

Evolution du rapport de forces et analyses

Selon Kader Abderrahim, maître de conférences à Sciences Po Paris, ce vote marque une évolution du rapport de forces. Il affirme que la diplomatie internationale s est rangée derrière le Maroc et rappelle que l ère Trump a fortement influencé ce tournant, en lien avec les accords d Abrahams et la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara, suivie par d autres pays.

Pour l Algérie, le vote apparaît comme marginalisant, et l on observe une abstention de la Russie et une position ambiguë de la Chine. Les États-Unis cherchent à favoriser une réconciliation entre Rabat et Alger, Steve Witkoff évoquant un accord de paix dans les soixante jours, objectif jugé optimiste.

Adlene Mohammedi, chercheur en géopolitique, rappelle l importance du principe d autodétermination dans le récit national algérien et indique que sacrifier la cause sahraouie reviendrait à renier ce principe et à affaiblir la légitimité du pouvoir algérien. Il distingue deux hypothèses: céder sous pression ou laisser le temps faire son œuvre, ce qui pourrait aussi conduire à une inertie.

Implications pour Rabat et le paysage régional

Côté marocain, ce vote tombe dans un contexte intérieur marqué par des mouvements de contestation menés par la jeunesse. Le royaume contrôle environ 80 % du Sahara occidental et a investi des milliards pour développer des infrastructures afin d’en faire une vitrine économique et touristique.

Les experts soulignent toutefois que même une victoire diplomatique ne résoudra pas les inégalités sociales, la pauvreté et la corruption dénoncées par le mouvement GenZ 212, récemment réprimé.