Un lynx en situation préoccupante mène à une décision rare dans le canton de Neuchâtel
Ce mardi soir, lors d’une sortie en course à pied, Bernat Palou et un ami ont rencontré une femme accompagnée de son chien, face à face avec un lynx qui restait immobile depuis plusieurs minutes. La femme a été victime d’une blessure après avoir reçu un coup de patte de l’animal.
Bernat Palou explique que le lynx présentait un comportement quelque peu menaçant et émettait des grognements. Il précise cependant ne pas avoir ressenti une peur intense, étant donné que, selon lui, les lynx n’attaquent généralement pas l’humain. Toutefois, l’animal ne voulait pas partir, ce qui a incité les témoins à rester en vigilance, indique-t-il dans le journal télévisé RTS du 19h30.
Interventions et contexte autour du lynx « Diego »
La police et le garde-faune ont rapidement été dépêchés sur place dans la forêt concernée. Le comportement du lynx, qualifié de proche de celui d’un gros chat par un agent de la police lors d’une vidéo tournée par un témoin, a été observé comme étant inhabituel.
Ce jeune lynx, surnommé « Diego », était dans un état de santé inquiétant au moment de l’incident. Connu pour avoir été recueilli dans un zoo de la Garenne à l’automne de l’année précédente, il avait été relâché dans la région du Nord vaudois en mai dernier, équipé d’un GPS. Malgré cela, il aurait rencontré des difficultés à s’adapter à la vie sauvage.
« Le lynx a été menaçant avec la personne. C’était un des problèmes qui a justifié une intervention rapide »
— Christophe Noël, chef du service de la faune neuchâtelois
Décision de prélèvement et enjeux de conservation
Face au comportement agressif de l’animal, la décision de l’abattre a été prise, une démarche exceptionnelle compte tenu du statut protégé de l’espèce. La faune neuchâteloise n’ordonne cette mesure que dans des situations où la sécurité publique est directement menacée.
Ce lynx, orphelin, avait été pris en charge dans le cadre d’un programme de réhabilitation visant à réintroduire l’espèce dans la région. Depuis 2012, environ 14 jeunes lynx orphelins ont été relâchés en Suisse dans une optique de conservation, précise la fondation Kora, spécialisée dans la préservation de la faune sauvage, en particulier des carnivores.
Impacts et perceptions concernant le comportement de Diego
Le photographe spécialisé Laurent Geslin, qui a suivi l’évolution de Diego, souligne qu’un comportement inhabituel peut poser des questions sur la perception de l’espèce en général. Alors que le lynx n’est généralement pas considéré comme un animal problématique, ce cas évoque un risque potentiel pour la réputation de l’espèce.
Selon la fondation Kora, le jeune lynx n’a pas présenté jusqu’à présent de comportements agressifs ou menaçants envers l’être humain. La réhabilitation de ces jeunes animaux a statistiquement un taux de survie d’environ 66 % en Suisse, un chiffre comparable à celui des lynx en liberté, précise-t-elle.
Le cas de Diego illustre les défis liés à la réintroduction d’animaux sauvages dans leur habitat naturel, notamment lorsqu’ils rencontrent des difficultés d’adaptation ou présentent des signes de faiblesse ou de dangerosité.